Débriefing psychologique (prudence)

Personnes visées
Individus ou groupes ayant été exposés à un événement traumatique récent [185].
Quand l'utiliser ?
Intervention. Entre 24 et 72 heures suivant l’exposition à un événement traumatique [108, 139].
Qui la met en œuvre ?
Thérapeute professionnel spécialisé en santé mentale et en intervention post-traumatique maîtrisant la technique spécifique du débriefing psychologique [139].
Formations nécessaires
Oui.

Personnes visées
Individus ou groupes ayant été exposés à un événement traumatique récent [185].
Quand l'utiliser ?
Intervention. Entre 24 et 72 heures suivant l’exposition à un événement traumatique [108, 139].
Qui la met en œuvre ?
Thérapeute professionnel spécialisé en santé mentale et en intervention post-traumatique maîtrisant la technique spécifique du débriefing psychologique [139].
Formations nécessaires
Oui.
Le débriefing psychologique est une séance de verbalisation, individuelle ou de groupe, animée par un professionnel spécialisé en santé mentale dans laquelle les personnes ayant récemment été exposées à un événement traumatique effectuent un retour sur ce qui est arrivé et leurs différents vécus. Les problèmes et symptômes pouvant survenir dans le futur sont aussi abordés [185]. Plus précisément, chaque participant décrit les faits de l’événement traumatique, les pensées que cela a provoquées, les réactions, ce qui a été le plus difficile et les symptômes de détresse vécus. De la psychoéducation sur les mécanismes d’adaptation est également offerte [213]. Cette intervention est à considérer avec prudence puisqu’elle pourrait s’avérer néfaste pour les personnes la recevant [73, 75, 105-107, 219, 220].
Initialement conçue au début des années 80 pour réduire le potentiel de développer un état de stress post-traumatique et soulager les émotions fortes chez les premiers répondants [213], cette intervention fut largement utilisée en médecine d’urgence, dans les forces policières, dans la sécurité incendie et dans les forces armées. Au Québec, le débriefing a été introduit en 1994 dans le domaine de la sécurité civile en tant qu’intervention à appliquer en contexte de sinistres et plusieurs intervenants psychosociaux du réseau de la santé et des services sociaux y ont été formés en conséquence [214].
Cependant, plusieurs études réalisées n’ont pu démontrer son efficacité pour prévenir à long terme les effets négatifs des événements traumatiques extrêmes [105, 106, 215]. Certaines études et experts recommandent de l'éviter [108, 185, 197, 216-218] alors que d’autres mentionnent qu’elle pourrait même s’avérer néfaste pour les individus et groupes la recevant [73, 75, 105-107, 219, 220]. Le fait de se remémorer en détails les événements peut causer une exposition supplémentaire au traumatisme et nuire au retour à la normale au plan émotionnel [221, 222]. À la suite d’un désastre, la détresse psychologique n'est pas vécue chez toutes les personnes et si elles sont incitées à prendre part à des interventions non indiquées à leurs situations, cela pourrait leur nuire [6]. De plus, le fait de mobiliser l’énergie d’une personne dans une intervention inefficace peut être considéré nuisible, car cela limite son accès à une intervention bénéfique [75].
Devant cette controverse importante dans les milieux scientifiques, les recommandations par rapport à l’utilisation du débriefing psychologique au Québec, dans le domaine de la sécurité civile, ont également été révisées à partir de 2006 lors de la refonte du volet psychosocial en sécurité civile [214]. À la lumière des écrits et des constats effectués sur le terrain concernant l’utilisation de cette approche, la Séance d’intervention psychosociale (SIP) est dorénavant l’intervention de groupe recommandée auprès des personnes sinistrées en post-immédiat [214]. La Séance d’intervention psychosociale est une stratégie d’intervention que vous retrouverez dans la Formation provinciale sur l’intervention psychosociale en contexte de sécurité civile. Le débriefing psychologique n’est d’ailleurs pas recommandé dans le cadre de cette formation qui a été entièrement révisée en 2019 [140].
Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé recommande plutôt l’utilisation des Premiers secours psychologiques (voir la fiche 6) en tant que solution alternative au débriefing psychologique qu’elle considère « inefficace » [100].
Le débriefing psychologique a également été intégré à un programme de gestion du stress en situation de crise (Critical Incident Stress Management ou CISM) dont les actions débutent en phase de préparation puis se poursuivent pendant la crise et à la suite de celle-ci [223]. Ce programme a été créé afin d'encourager les intervenants à adopter une vision élargie de l'intervention de crise et à éviter d’utiliser le débriefing psychologique de façon isolée en une seule intervention [224]. À la lumière des études réalisées dans le but d’évaluer l’efficacité du CISM ou du débriefing psychologique qui y est intégré, la mise en garde au sujet du débriefing psychologique demeure effective dans ce contexte [185]. La preuve scientifique est incertaine concernant son efficacité dans la réduction des symptômes associés à un trouble de stress post-traumatique [181] et la poursuite de la recherche est indiquée avant de standardiser cette intervention [73, 181].
Le débriefing psychologique n’est pas non plus recommandé auprès des enfants [73].
* La pratique du débriefing psychologique, se déroulant dans les jours immédiats suivants un traumatisme, ne doit pas être confondue avec les activités des groupes de soutien par les pairs en phase de rétablissement. Voir la fiche Groupe de soutien et d'entraide.
* Le terme « débriefing » est aussi utilisé pour faire référence au processus d’amélioration continue en milieu de travail. Ce type de débriefing, que nous pourrions qualifier d’opérationnel, est différent du débriefing psychologique puisque ses objectifs visent un retour en équipe sur les actions effectuées, la réflexion sur les processus et l’amélioration des actions et de la performance future [225]. Des études ont démontré que ce type de débriefing permet d’accroître le niveau de confiance, le sentiment d’auto-efficacité et le leadership d’une équipe [226, 227].
Livres
L’intervention en situation de crise auprès des traumatisés psychiques. Vaiva, G., Ducrocq, F., Jehel, L. et Prieto, N. (2012) Dans M. Séguin, A. Brunet & L. LeBlanc (dir.), Intervention en situation de crise et en contexte traumatique (2e éd.). Montréal : G. Morin. Voir pages 114 à 118 : Les interventions psychothérapiques secondaires : la séance de verbalisation (débriefing).
Psychotraumatismes: stratégies d’intervention psychothérapique postimmédiate. Marchand, A., Bousquet Des Groseillers, I. et Brunet, A. (2006). Dans S. Guay & A. Marchand (dir.), Les troubles liés aux événements traumatiques dépistage, évaluation et traitements (p. 169-177). Montréal, Qc: Presses de l'Université de Montréal. Voir 173 et suivantes : Controverses entourant l’application et l’efficacité du débriefing.
Document
Malenfant, P.P. (2008). Constats et perspectives sur la pratique du débriefing en contexte de sécurité civile au Québec. Intervention, la revue de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, 129 p. 92-101. https://www1.otstcfq.org/wpcontent/uploads/2020/04/Intervention-no-129-dec-2008.pdf
Guide
Guide de pratique en anglais pour les intervenants en santé mentale et les médecins: Katz, C. L. (2017). Mental health response to disasters and other critical incidents: the right clinical information, right where it’s needed. BMJ Best Practice, p. 5- 6. abordent le CISM et le débriefing psychologique. https://www.bmj.com/content/bmj/suppl/2017/06/30/357.jun21_2.j2981.DC1/BP_emergency_response.pdf